RDC/Mines : La renégociation des contrats chinois devient inéluctable

L’époque où des sociétés chinoises se partageaient les carrés miniers de la République Démocratique du Congo comme des pommes de terre n’est plus qu’un lointain souvenir.

Après les révélations accablantes du Président du Conseil d’Administration de la Gécamines, Albert Yuma sur le pillage systématique des richesses minières congolaises, les lignes commencent à bouger. Les réunions se multiplient au plus haut niveau du pays et ça sent mal pour les bénéficiaires des contrats ayant consacré le bradage des gisements miniers de la RDC. Rapidement après l’investiture de son gouvernement, le Premier ministre Sama Lukonde a été invité à se pencher sur le complexe dossier des contrats signés depuis des années avec des multinationales. Selon les informations parvenues à Alternance.CD, le chef du gouvernement a reçu, sur instruction du Président de la République, Félix Tshisekedi, les responsables de la firme Glencore. Il leur aurait clairement fait part de la décision du gouvernement de revoir les contrats conclus avec eux. Pour avoir dirigé la Gécamines, Sama Lukonde maitrise bien les contours de ces dossiers et n’a donc pas eu du mal à discuter avec ses interlocuteurs qui ont été gâtés sous Joseph Kabila. Selon nos sources, Glencore ne serait en réalité qu’un passage vers la renégociation des juteux contrats miniers conclus en 2007 entre le gouvernement représenté par la Gécamines et un consortium d’entreprises chinoises dans le cadre de la joint-venture sino- congolais des mines(Sicomines). Aux termes de ces contrats, les chinois qui avaient apporté des fonds empruntés moyennant de garanties auprès de Eximbank of China, s’étaient octroyé 68% des parts tandis que l’État congolais n’a eu que 32%. Les entreprises chinoises parmi lesquelles Sinohydro et China Machinery Engineering Group avaient pris l’engagement de financer, à hauteur de 6,6 milliard de dollars les travaux de réhabilitation et de modernisation des infrastructures de base à travers les provinces de la RDC en contre partie de cuivre, cobalt et autres minerais exploités dans le Grand Katanga. Il y a eu ce qu’il y a eu et à ce jour, on ne peut pas prétendre qu’ils ont rempli leur part du contrat, les chantiers des infrastructures lancés à travers certaines provinces s’étant arrêtés. Entre temps, la RDC croupit dans une dette supplémentaire de 2,56 milliards de dollars, représentant 40% de sa dette extérieure globale. Les chinois en position de faiblesse! A la Présidence de la République, on ne doute pas de la détermination de Félix Tshisekedi a re négocier ces contrats. En Chine, la question est prise au sérieux car, dans le programme sino-congolais, on trouve des partenaires privés mais aussi et surtout étatiques. Toutefois, on se dirigerait tout droit vers les négociations diplomatiques en lieu et place des négociations commerciales, qui risquent d’être désastreuses pour les entreprises chinoises. Nos sources affirment que des contacts seraient entrepris dans ce sens au plus haut niveau entre le président congolais et son homologue chinois, Xi Jiping. C’est dire que Fatshi est en phase de gagner une grande bataille qui aura certainement un impact positif sur les mines et les finances du pays dans les prochaines années.