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Rapport de pays Pologne

Rapport sur la situation de l’industrie minière en Pologne

1. La situation socio-politique des travailleurs des mines polonais

Depuis la première Conférence des travailleurs des mines au Pérou en 2013, beaucoup a changé dans l’industrie minière polonaise.

L’année 2014 a été marquée par la grève (dans les mines souterraines) et des manifestations de mineurs de la mine Kazimiers Juliusz en Zagleblie Dabrowskie (une partie de la Silésie qui est culturellement distincte de la Haute Silésie). Les protestations se sont dirigées contre l’idée de fermer des mines, les salaires non payés et la mise en question du logement des travailleurs. Les points les plus importants du combat étaient : travail, revenus et logements. Le résultat des protestations – guidées par le syndicat Sierpien 80 (Août 80) – a été un accord avec le gouvernement.

La lutte la plus ardente a commencé en début 2015. Nous avons appris par les médias que la chef du gouvernement Ewa Kopacz avait annoncés la fermeture de quatre mines qui faisaient partie de la plus grande société minière de l’Union Européenne « Coal Company » (aujourd’hui « Société minière polonaise »). Ewa Kopacz a succédé au Premier ministre Donald Tusk qui est désormais Président du Conseil Européen. Les informations présentées par le Premier ministre Mme Ewa Kopacz lors de la conférence de presse ont suscité de nombreuses grèves dans presque toute la Silésie. Le travail a été interrompu, quelques mineurs sont entrés en grève de la faim sous terre, d’autres ont protesté avec leurs familles en bloquant des rues et organisant des défilés. C’était un temps de grande solidarité entre nous. De plus, d’autres gens ont soutenu les protestations, jusqu’à 68,5% des Polonais ont soutenu ceux qui luttaient contre la fermeture des mines. Après deux semaines il y a eu un accord. Au lieu d’être fermées, quelques mines ont étés vendues.

En octobre 2015 il y a eu de nouvelles élections et le gouvernement a changé. Après deux périodes législatives, donc après huit ans, la plateforme électorale Obywatelska (PO) a perdu le pouvoir. Le parti de droite Prawo i Sprawiedliwosc a gagné les élections. La présidente du parti est Beata Szydlo, fille d’un mineur qui n’avait pas travaillé dans une mine en Silésie mais au Sud de la Pologne. Elle a promis de ne pas fermer de mines comme le gouvernement précédent l’avait fait. D’ailleurs, c’était la première fois depuis 26 ans qu’aucun parti de gauche n’a réussi à entrer au parlement. Le parti du gouvernement se trouve maintenant en alliance avec le plus grand syndicat en Pologne, Solidarnosc (présidé par le légendaire lauréat du Prix Nobel Lech Walesa). Depuis, nous avons un accord entre tous les syndicats. Le gouvernement précédent a été très réticent vis-à-vis des syndicats. A part l’alliance entre Solidarnosc et les autorités, l’accord entre les syndicats est toujours vivant aujourd’hui.

2. Les caractéristiques de l’industrie minière polonaise

Je vous présente l’industrie minière polonaise. Elle assure la base de notre approvisionnement énergétique. Je représente l’organisation Sierpien 80 (français: Syndicat indépendant Août 80) qui est active dans les trois plus grandes entreprises de l’industrie minière, le Polish Coal Group, le Katowitz Holding du Charbon et la société minière Jastrzebie. Toutes les trois sont rattachées au ministère polonais des Finances. Les syndicats demandent la fusion du domaine minier avec le secteur de l’énergie. Le gouvernement soutient cette demande dans son discours, mais ne prend pas de décisions importantes à ce sujet.
Au 31 décembre 2014, le nombre d’employés dans l’industrie minière s’élevait à 214 984, dont 160 289 dans les mines souterraines (dont 138 037 dans les mines de charbon), 36 422 dans l’extraction à ciel ouvert, 10 465 dans le forage du gaz et du pétrole. En Pologne, il y a 38 mines souterraines et 6860 sites d’extraction en surface.

3. Les conditions de vie des travailleurs des mines

Comparés au niveau de vie, les revenus dans l’industrie minière polonaise sont plutôt corrects. Ce qui est problématique, c’est la ponctualité du payement du salaire. Depuis un an, les primes exceptionnelles à l’occasion de la journée des travailleurs des mines et à d’autres occasions de ce genre sont payées par versements partiels ou sont suspendues.
Compte tenu de la dureté du travail et des risques d’accidents (qui peuvent être très graves ou même mortels), les salaires ne sont pas assez élevés. Nos demandes de salaires sont toujours présentées d’une manière faussée dans les médias qui rapportent qu’un revenu moyen s’élève à 2000 €. Mais ceci est seulement correct s’il s’agit des revenus des directeurs et des cadres supérieurs. Les salaires des travailleurs des mines, y compris ceux qui travaillent dans les conditions les plus difficiles, s’élèvent à 600,- Euros, ce qui inclut souvent les heures de travail du week-end.

4. Conflits sociaux

J’ai déjà mentionné au début les conflits du travail. Les médias et la politique ne présentent les travailleurs des mines qu’en relation avec des protestations professionnelles. Nous soutenons d’autres secteurs comme le secteur de la santé, de l’éducation ou des centres commerciaux.

Un autre problème est que la Commission de l‘Union Européenne met en question la légalité des subventions publiques pour l’industrie minière polonaise. Malheureusement nous sommes soumis aux institutions de l’UE. Nous sommes victimes d’une politique de l’UE qui est hostile à l’industrie minière. Il n’y a des subventions que pour la fermeture de mines, ce que nous essayons d’empêcher de toutes nos forces. Il y aura d’autres luttes. Il y a quelque mois, ils nous ont tiré dessus. Nous n’avons pas peur des balles, ni des tribunaux ou des poursuites judiciaires. Nous n’avons pas confiance dans les hommes politiques. Nous ne sommes pas les pions dans un jeu d’échec (tout en appréciant ce jeu). Nous sommes les représentants des mineurs combatifs. Nous nous occupons de leur situation. Chaque continent, chaque pays, chaque secteur a ses propres préoccupations.

Dans ce monde mondialisé d’aujourd‘hui il nous faut de la coordination, un échange d’informations et un échange d’expériences aussi dans le secteur minier.

En 2013, j’ai soutenu la Conférence internationale des travailleurs des mines au Pérou avec beaucoup d’estime.

Seulement si nous sommes unis, et si nous sommes tous bien informés et coordonnés, nous pourrons gagner ce combat.

Travailleurs des mines de tous les pays, unissez-vous !

Krzysztof Labadz
Syndicat indépendant „Août 80“ (Pologne, Europe)